Blogueries du carrefour no.3 - dans l'esprit de l'acrobate

Carrefour : "PAMÉLA BISSON, votre mission si vous l'acceptez, bloguer sur votre expérience de festivalière pendant le Carrefour international de théâtre de Québec." 

"J'accepte, mais je blogue sous le pseudonyme de Pammy Poppins. Ma mission personnelle, je la dédie au jeune public. Entre mes engagements envers le théâtre jeunesse les Gros Becs, les enfants du service garde où je travaille, mon implication au sein du Groupe Consultatif Jeunesse de la Commission Canadienne pour l'UNESCO et à titre d'administratrice sur le conseil d'administration de Vidéo Femmes, j'ai probablement encore du temps dans mon agenda pour plus de bénévolat. Pouvons-nous choisir la date de nos spectacles?"

Carrefour : "Non, malheureusement. Tu iras voir Acrobates."

ACROBATES

De retour d'une escale éclair à Victoria, ma mère me raconte les spectacles qu'elle a vus au Carrefour. D'abord The Tempest replica, puis, elle a des éloges interminables pour l'originalité de Germinal, une admiration sans bornes pour la performance de François Papineau dans l'histoire révélée du Canada français. La chanceuse! Alors que l'ENVIE tente de me submerger, je la repousse en pensant au spectacle auquel je n'ai pas encore assisté, ACROBATES. La directrice artistique du Carrefour, Marie Gignac, s'efforce toujours de sélectionner des oeuvres qui ont le potentiel de nous renverser par l'audace de leur théâtralité. Même si la qualité de ces spectacles n'a pas de prix, je n'ai malheureusement pas les moyens de m'offrir des billets cette année, c'est l'austérité. 

Ironiquement, je me dirige vers le pavillon du commerce à l'Expocité pour assister à mon seul spectacle. Au passage, je jette un coup d'oeil à l'amphithéâtre que je n'avais pas visité depuis le début de sa construction. Méchante affaire! Le pavillon du commerce est empreint d'humidité et sans brise d'air climatisé. Dans cet environnement étouffant, deux artistes se livrent corps et âme en spectacle pour nous. Une telle générosité et énergie clouent la spectatrice que je suis dans mon inertie corporelle. 

Que mangent-ils pour bondir avec autant de légèreté? Combien de fois ont-ils répéter leurs routines avant d'arriver à les maîtriser? Leurs capacités physiques sortent du réel, si bien que juchée du haut de l'estrade, je croirais assister au bal de deux complices, des superhéros.  Quelque chose entre Batman, Robin, Spiderman et Peter Pan. Avec comme seul dispositif scénique, une pente inclinée à 43 degrés faisant office de surface de projection, la dyade a dû se réinventer. Métaphore sublime, d'une équipe qui, démantelée par la perte de leur ami Fabrice, doit remonter la pente pour continuer autrement. 

Dès le début du spectacle, la voix de Fabrice nous transporte dans ses pensées. Dans l'esprit de l'acrobate, il y a cette soif de liberté même lorsqu'il est blessé. Devant nous, les deux acrobates qui poursuivent cette quête, mais sans leur compagnon décédé. Progressivement, le deuil écarte son ombrage pour que les lueurs d'une amitié profonde vole le spectacle. Devant une telle offrande, impossible pour le public de cacher ses émotions.