Journée nationale de la vérité et de la réconciliation!
ÉVEIL SUR NOTRE MONDE
Nous avons un rôle à jouer dans l’éducation et l’éveil des consciences pour contribuer à la réconciliation des différentes cultures qui ont subi l'assimilation sur leur propre territoire. Mon éveil ne s’est pas passé à l’école, mais à travers mes expériences au camp Minogami. C’est en parcourant le St-Maurice en canot à l’âge de 16 ans que j’ai découvert les réalités cachés des communautés de Wemotaci et Obedjiwan. On nous disait de passer rapidement pour éviter tout contact hostile avec les locaux. Je me souviens d’avironner à toute vitesse pour traverser le réservoir Gouin sans trop comprendre la teneur du danger qu’on souhaitait éviter. Au contraire, cette peur de l’autre piquait ma curiosité. FACE À MON IGNORANCE
N’étions-nous pas dans un périple inspiré par le mode de vie nomade de leurs ancêtres? Je voulais profondément les rencontrer et je ne comprenais pas qu’ils puissent ressentir de l’hostilité à l’égard d’un groupe d’adolescentes de bonnes familles qui s'approprient les rivières de manière récréative. Je me souviens de chiens borgnes et errants qui nous avaient adoptés et qui sont sautés dans l’eau pour nous suivre au matin de notre départ sur l’eau. Ils étaient plusieurs et nous suivaient l’air hagard. Mon ignorance stimulait mon intérêt à en apprendre plus. FORMATIONS ODYSSÉE Quand je suis devenue monitrice, nous suivions les traditions du camp et sans très peu de connaissances, nous nous approprions leur culture à travers les légendes et les épreuves de plumes. On enfilait des costumes dérisoires et on disait carrément n’importe quoi. Je me souviens de mon inconfort profond lorsque nous devions raconter la légende de la totémisation à un groupe de jeunes atikamekw de La Tuque lors des classes vertes. La situation était tellement ironique que j’en étais venue à faire une demande de formations à l’administration des camps. Ça me semblait prioritaire que le personnel des camps puissent être en contact avec des intervenants atikamekw (pour Minogami) et Malécites (pour Trois-Saumons). Je me souviens précisément de m’être rendue au siège social pour ça, mais j’avais senti que ce n’était pas une priorité dans notre formation à l’époque. J’avais la conviction urgente qu’il fallait que cela change et j’ai finalement réussi à provoquer la brèche d’un changement, mais dix ans plus tard. SÉJOUR CHEZ LES MOHAWKS
Ce séjour où nous dormions chez le travailleur culturel, celui qui tente de perpétuer les traditions, mais dont je ne peux me souvenir le nom fut mémorable dans ma compréhension de ses efforts pour transmettre les savoirs ancestraux aux plus jeunes et aux curieux comme nous. DES VISITES FRÉQUENTES À WENDAKE Puis, je suis devenue une éveilleuse à ma façon à titre de guide-animatrice pour des groupes d’étudiants anglophones provenant des provinces canadiennes et des États-Unis. La visite au site d’interprétation Huron-Wendat était un incontournable dans les visites à Québec. UN PASSAGE INDÉLÉBILE À WEMOTACI En 2007, je suis retournée à Minogami afin de guider à mon tour un groupe d’adolescentes dans un séjour de canot-camping. Le trajet sans être identique à celui que j’avais vécu comme campeuse était très similaire puisque notre ravitaillement était aussi prévu près de Wemotaci. Mais cette fois-ci, j’avais choisi délibérément de ne pas suivre les recommandations du camp. Nous allions installer notre campement près du pont sur les rives de la communauté. Je voulais provoquer la rencontre. Le ravitaillement avait pris à mes yeux des proportions démesurées avec la quantité de surprises et de bonbons que les campeuses recevaient. J’avais donc proposé aux filles de se départir des surplus dans une boîte commune. Rapidement, la boîte s’est remplie de dons et j’entrepris de me rendre à la maison des jeunes du village, j’estimais qu’il devait y en avoir une. Avec mon allure bonne enfant, j’ai attiré les jeunes de la communauté comme une joueuse de pipo avant même de me rendre à destination.
Dans ma plus grande naïveté, je répondais à leurs questions en évitant aucun détail. Lorsque nous étions toutes installées dans nos tentes pour la nuit, les ados se mirent à nous tirer des roches sur les tentes en criant des paroles en atikamekw. Rien de rassurant! Le lendemain matin, ils nous avaient volé des denrées dans nos sacs camouflés sous les canots entreposés sous le pont… Il va sans dire que je me suis sentie terriblement idiote, j’ai dû utiliser l’argent d’urgence du camp pour racheter les denrées à des prix faramineux au village. Je rêvais déjà de travailler avec Wapikoni mobile, mais je n'avais pas encore d'expérience comme vidéaste.
UNE BRÈCHE VERS LA RÉCONCILIATION
Je n’ai rien appris de tout ça à l’école. Tout ça, c’est pour vous dire à quel point l’expérience en camp joue un rôle d’éveil et de sensibilisation sur les réalités autochtones beaucoup plus grand que les bancs d’école. Le rôle des camps dans mon développement à titre de citoyenne est indéniable. Je m’inquiète pour l’avenir des camps dans cette période d’incertitude, c’est pourquoi j’ai décidé de vous livrer mon plaidoyer en leur faveur.
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January 2022
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